Au cours du 17e siècle et du 18e siècle, la grammaire et la sémantique françaises ont été largement modifiées afin de renforcer la domination du genre masculin. Des règles d’accords jusqu’aux noms de métiers, les académiciens ont réformé la langue de manière systématique et à grande échelle, remplaçant l’ancienne règle des accords de proximité par le fameux « le masculin l’emporte sur le féminin », et faisant disparaître d’innombrables termes féminins (autrice, inventrice, vainqueresse, etc.).
L’écriture inclusive vise donc à pallier la dissymétrie sémantique qui s’est installée avec la masculinisation du vocabulaire et de la grammaire. Elle permet, par différentes techniques de rédaction, de réduire les inégalités véhiculées par un langage dont le sexisme commence enfin à être remis en cause.
L’intérêt de l’écriture inclusive
Pour beaucoup, il apparaît aujourd’hui évident que la langue française tend à invisibiliser les femmes, par ses règles grammaticales autant que par sa sémantique. Davantage encore, elle instaure même une hiérarchie entre les genres, le masculin l’emportant sur le féminin. C’est en effet ce qu’on délibérément voulu les académiciens à partir du 17e siècle, afin d’endiguer toute forme d’émancipation féminine.
Rappelons qu’en vertu de la règle grammaticale qui a fait grincer les dents de nombreuses filles sur les bancs de l’école, la présence d’un seul homme sur 100, 1000 ou 10 000 femmes suffit en effet à justifier la tournure masculine !
Quant aux versions féminines des noms de métiers qui réapparaissent peu à peu, et que d’aucuns jugent inélégantes, inutiles voire ridicules, rappelons qu’elles n’ont rien de néologismes. Tous ces termes — autrice, officière, professeuse, etc. — ont longtemps existé dans la langue française avant d’être rayés des dictionnaires par les académiciens.
L’écriture inclusive est donc à voir comme une réhabilitation, en totale cohérence avec la réalité de la société française aujourd’hui. Alors que les femmes sont toujours plus présentes dans des secteurs comme la médecine, l’enseignement, l’entreprenariat, l’ingénierie, les arts et les lettres, il est temps qu’elles retrouvent aussi le droit à être nommées comme telles.
L’usage de l’écriture inclusive témoigne d’une vision actuelle de la société française. Il permet aussi de s’exprimer de manière plus claire et précise, révélant la mixité quand elle existe.
Les différentes applications de l’écriture inclusive
L’écriture inclusive est trop souvent réduite au point médian, qui fait débat pour des questions de lisibilité. En réalité, ce dernier n’est qu’une des manières d’adopter un langage inclusif. Il existe d’autres techniques, plus naturelles et moins novatrices, pour s’exprimer de manière égalitaire
Privilégier le langage épicène
Le langage épicène regroupe toutes les techniques syntaxiques, grammaticales ou typographiques qui permettent d’éviter les discriminations sexistes en recourant à la neutralité. Au cœur de toute stratégie d’écriture inclusive, il passe donc par l’usage privilégié de mots épicènes, c’est-à-dire non genrés, ou dont les formes masculines et féminines sont homonymes.
L’avantage du recours aux termes épicènes est de pouvoir être inclusif sans avoir recours à la pratique double genrée, et donc en restant plus concis. Plutôt que de dire « les hommes et les femmes », par exemple, on pourra dire « les personnes ».
Chaque fois que cela est possible, pour des raisons d’égalité comme de simplicité, préférez un terme commun aux deux genres : adultes, bénévoles, collègues, enfants, élèves. Attention, ce choix ne fonctionne qu’au pluriel, où le déterminant reste neutre (les/des).
Exprimer les deux genres
Il n’est pas si difficile d’évoquer les deux genres à chaque fois qu’ils sont concernés. Pour adopter un langage égalitaire, pensez à l’emploi des formules « celles et ceux », « les candidats et candidates », « lecteurs et lectrices », etc.
Il est alors d’usage, dans ce cas, de placer les termes dans l’ordre alphabétique « l’égalité entre les femmes et les hommes », « les filles et les garçons », etc.
Réintroduire les formes féminines oubliées
Les techniques précédentes servaient à exprimer les deux genres afin que le genre féminin ne soit plus absorbé, effacé par le genre masculin. Lorsque vous n’évoquez que des femmes, il y a là aussi des manières de lutter contre les discriminations de langue. Cela passe par la féminisation des noms de métiers, de qualités, de fonctions ou de titres qui avaient disparus. Autrice est bien l’équivalent naturel d’auteur, au même titre que le sont lectrice (lecteur), actrice (acteur) ou aviatrice (aviateur).
L’usage du « e » comme marque du genre féminin est par ailleurs préconisé pour « docteur/docteure » ou « professeur/professeure »
Devant les titres épicènes enfin, on n’oublie pas de choisir le déterminant adapté en genre : « Madame la Ministre, Madame la Maire ».
Employer le point médian
Controversé parce qu’il est jugé moins inclusif pour les personnes présentant des difficultés de lecture (dyslexie ou problèmes de vue), le point médian peut être utilisé à l’écrit pour adopter une langue plus égalitaire. Il permet de ne pas répéter, comme on le ferait à la l’oral, les formes propres à chaque genre. Pour évoquer les intellectuels et intellectuelles par exemple, on écrira « les intellectuel·le·s » ou, de manière simplifiée, « les intellectuel·les ».
Le point médian est un raccourci dédié à l’écrit, qui se doit d’être traduit à l’oral par l’emploi des deux genres.
Pourquoi un point médian plutôt qu’un tiret ou des parenthèses ?
Les parenthèses, lorsqu’elles sont utilisées pour suggérer la marque du genre féminin — par exemple marchand(e) — ont encore cet effet de mettre le genre féminin au second plan (entre parenthèse justement), comme s’il s’agissait d’une option de seconde valeur et que la normalité consistait dans le genre masculin. Elles ne reflètent donc pas l’idée égalitaire que l’humanité est constituée pour moitié, sans notion de hiérarchie, d’individus de sexe masculin et d’individus de sexe féminin.
Le tiret, quant à lui, est un signe typographique déjà utilisé en français, et donc susceptible de créer des confusions s’il est utilisé à de nouvelles fins. Le point médian a pour avantage, en français, d’être le marqueur spécifique de l’écriture inclusive.
Pour ne pas être confondu avec la ponctuation de la phrase, le point médian est situé entre deux interlignes (raccourci clavier ALT0183). On l’appelle aussi le point milieu. Loin d’être nouveau lui non plus, ce signe typographique existait déjà en latin et en grec.
On n’oserait pas demander aux hommes de se sentir concernés dans une phrase qui s’adresse « aux coureuses », « aux lectrices », « aux rédactrices ». Alors pourquoi exiger des femmes qu’elles se sentent inclues dans les formes masculines « coureurs », « lecteurs », « rédacteurs » ? En adoptant l’écriture inclusive dans vos articles et communications, vous êtes certains de bien toucher toute l’audience à laquelle vous vous adressez. Vous donnez une image actuelle, égalitaire et inclusive de votre marque. Des qualités qui figurent désormais en tête des critères de choix de nombreux internautes !